La collecte des papiers-cartons des collectivités pourrait être impactée par la saturation des centres de tri
Une note interne des deux principales fédérations des métiers du recyclage alerte sur l’effondrement du marché des PCR (les papiers-cartons de recyclage). Cette chute des prix risque d’avoir un sérieux impact sur la collecte de ces matières au niveau industriel, et notamment pour les collectivités. La saturation est causée par un trop grand nombre de papiers et cartons par rapport à la possibilité de revente dans les usines papetières. Le stock supplémentaire est d’ordinaire revendu en Europe, mais les autres pays européens sont eux aussi noyés sous les cartons à recycler. La Chine, qui récupérait les excédents, a en effet fermé ses frontières à ce type de déchets en mélange, ce qui a divisé les prix par trois.
Inutile d’être trop alarmiste : la note invite surtout à prendre le problème avant qu’il ne s’aggrave. Si la limite de stocks autorisés était atteinte, la collecte des papiers-cartons risquerait d’être interrompues et les collectivités locales seraient les premières à être touchées par ce problème. Les papiers et cartons d’origine ménagère qu’elles collectent et recyclent sont en effet considérés comme étant de moins bonne qualité que les emballages industriels : plus souvent mélangés avec d’autres déchets qui les contaminent, leur traitement est plus compliqué. Les usines papetières donneraient alors la priorité aux déchets des industries qui ne posent pas ces problèmes.
L’effondrement de ce marché produit une autre conséquence tout aussi ennuyeuse pour les communes, dont les plus petites ont parfois du mal à se garder à flot financièrement parlant : plusieurs collecteurs envisagent désormais de faire payer l’enlèvement des papiers et cartons pour tous les émetteurs industriels. Ce n’est pas la première fois que cela arrive : déjà en 2008 ce ramassage avait été payant pendant quelques mois, et la fois précédente remontait à 1993.
A l’heure où le tri des déchets devient une question de plus en plus importante, et alors même que la loi Economie circulaire commence à être discutée, cette saturation possible des centres de tri semble remettre en question un travail d’éducation de longue haleine sur la nécessité de recycler. Les industriels, dont les quantités de déchets ne sont pas négligeables, utilisent de plus en plus de cartons pour remplacer les plastiques et produisent donc plus de déchets cartons. Les collectivités, qui n’ont pas autant de moyens que les industriels, équilibrent aujourd’hui les coûts de collecte et de traitement des déchets à recycler en les revendant. Si la question de cesser le recyclage des déchets ménagers ne se pose pas, ces problèmes de saturation du marché risquent cependant d’avoir un impact sur la bonne santé financière des communes.